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Embusqués dans l’œuvre de Guy Jouary il y a « joie », il y a « jouir », ces mots étendards que célèbrent son art, et même son nom.
Et puis il y a la vie telle qu’elle hait, cet appétit macabre des hommes, ce Passage de l’artiste - touché au cœur par les meurtrières hérésies - vers sa palette incandescente. Le sang de la terre rejoint le feu du ciel dans l’enfer de Cent ans de boucherie, tableau stèle de quatorze-dix-huit et d’un grand-père, hussard à cheval, au milieu des tranchées embourbées.
Mais entre barbarie et répit, il y a l’espoir des hommes. Celui du Plebiscit de Barcelona, supplique pour l’indépendance que signe de sang et d’or l’emblème de la bravoure… Et s’égrènent les hommages de l’enfant de Catalogne, Rosalia, Primavera dédiés à sa mère, au printemps ; Llibertat, offert à la liberté, toujours.
Mais au-dessus de nos têtes, lentement, résolument, négligemment, l’inconscience des hommes fait bouillir la banquise.
L’urgence prend sa part, l’instant où tout bascule, là, maintenant, pas si loin de nous.
Rejet d’un enfant de Syrie que la mer et le sable ont refusé d’ensevelir ; l’art et la lanière des bourreaux pour quelques mots de trop ; l’impossible reddition des migrants de Calais. Il y avait eu Sarajevo en mal de vivre, en 1992, gravé par Guy Jouary dans les jours qui suivirent les massacres, selon le « procédé » d’Henri Goetz qui donne plus de richesse aux matières.
Enfin l’amour, dans l’inventaire, refuse de se taire.
Enfin la célébration des plaisirs, de la beauté, de la femme oblongue, chairs roses des Baigneuses dressées en fanions, source sensuelle de la Femme de Loire, et ces Femmes Pigalle, sirènes en huit-clos à quelques pavés de l’atelier de Montmartre.
De la guerre à l’amour ou inversement, ces nouveaux Passages de Guy Jouary invitent à la déambulation des regards, entre deux coups au cœur.
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France Cavalié |
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Enticed into Guy Jouary’s world, you’re confronted with « joy » and « enjoyment », words regularly applied to his art and his name.
And then there’s the other side of life, man’s morbid appetites, unleashing the brutal violations that so affect the artist, bringing this Passage to his fiery palette. The blood of the earth meets the fire from the sky making the hell of Cent ans de boucherie, a homage to the soldiers of 14-18 and to a cavalryman grandfather, trapped in the muddy trenches.
But along with the barbarity and moments of respite, there is also hope: shown for example in Plebiscit de Barcelona, a plea for independence represented by the gold and blood-red emblem of courage. Then come the tributes from the boy of Catalonia: Rosalia and Primavera - dedicated respectively to his mother and to spring; and Llibertat, celebrating freedom once again.
And all the while, slowly, relentlessly, carelessly, man’s pure madness is burning up the planet.
Then a sense of urgency appears, right here and now, dangerously close to home: Rejet, the discarded Syrian child that the sea and the sand couldn’t hide; l’art et la lanière (reference to a Saudi whipping for speaking out of line); the impossible “surrender” of the migrants in Calais (with reference to Les Bourgeois de Calais). Guy Jouary had already engraved Sarajevo en mal de vivre in 1992, at the time of those massacres, following the method of Henri Goetz which brings added texture.
And finally, the series wouldn’t be complete without love. Love and a celebration of pleasure, of beauty, and the oblong-shaped female: pink flesh as in the Baigneuses, a file of upright pennants; as the sensual source in the Femme de Loire; or these Pigalle women, sirens calling from behind closed doors just a step away from the artist’s studio in Montmartre.
From war to love or vice-versa, these new Passages of Guy Jouary are an invitation to let your eyes roam from one favorite to another.
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France Cavalié |
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